Déployer une technologie prénatale dans les régions rurales d’Éthiopie

Canadian Physicians for Aid and Relief

Josephine*, une mère de 32 ans vivant dans le centre de l’Éthiopie, a appris qu’elle était enceinte de jumeaux. Ce seul fait a rendu sa grossesse à haut risque. Lorsqu’une femme est enceinte de plus d’un enfant, elle est plus susceptible d’avoir des complications pendant la grossesse et d’avoir un accouchement prématuré.

Un autre facteur de risque était la région éloignée dans laquelle vit Josephine ; la zone du Nord-Shoa dans la région d’Oromia en Éthiopie — une zone avec un accès limité à des soins prénataux.

Pendant la grossesse de Josephine, les échographies sont devenues disponibles au centre de santé Hambiso, un établissement près de chez elle. Son technicien, formé pendant la phase de mise à l’essai d’un projet de Canadian Physicians for Aid and Relief, a été en mesure d’effectuer une échographie et d’interpréter les résultats en collaboration avec un obstétricien basé dans l’hôpital voisin.

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Ce rendez-vous pourrait très bien lui avoir sauvé la vie, et celle de ses enfants à naître.

L’un des jumeaux de Josephine se présentait par le siège, ce qui signifie qu’il n’était pas dans une position tête vers le bas, idéale pour l’accouchement. Un bébé qui se présente par le siège augmente considérablement la nécessité pour la femme de recourir à une intervention médicale. Cependant, les hôpitaux dans les centres urbains sont souvent logistiquement et financièrement inaccessibles pour les 80 % d’Éthiopiennes et d’Éthiopiens vivant en zone rurale. Après avoir reçu cette précieuse information, Josephine a décidé de donner naissance dans un établissement médical disposant de services chirurgicaux.

Ayant l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés dans le monde, les femmes en Éthiopie subissent 412 décès pour 100 000 naissances, ce qui représente le double de la moyenne mondiale. Dans les zones rurales, les chances de mortalité maternelle et de mortinatalité sont encore plus élevées. Josephine a eu la chance d’avoir accès à des services d’échographie, mais historiquement de nombreuses femmes dans sa région n’ont pas eu cette possibilité. Environ 25 % des mères ne reçoivent aucun soin prénatal en raison du manque d’accessibilité à ces soins. La plupart des mères répondant à la base de référence du projet (>50 %) n’avaient jamais reçu de conseils sur les besoins alimentaires pendant la grossesse et plus de 70 % n’avaient jamais pris de fer, d’acide folique ou d’autres suppléments pendant leur grossesse.

412 décès pour 100 000 naissances

Éthiopie ayant l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés dans le monde

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Appuyé par le Fonds pour l’innovation et la transformation, CPAR met à l’essai une approche novatrice pour améliorer les soins prénataux et les services d’obstétrique grâce à l’utilisation de la technologie de l’échographie dans des régions éloignées de la zone du Nord-Shoa. Le projet vise à diminuer la mortalité maternelle, à augmenter la capacité et à soutenir l’accès à des soins médicaux en fournissant des services prénataux plus rapides et plus accessibles aux femmes enceintes dans les zones rurales de l’Éthiopie.  La mise à l’essai comprend la prestation de services de télémédecine utilisant la technologie des échographies en mode synchrone de Philips Lumify, qui être utilisée dans les zones à faibles ressources, ainsi que la formation de 14 travailleuses et travailleurs locaux de la santé de première ligne (sages-femmes et agents de santé) qui sont liés à une obstétricienne ou un obstétricien dans un hôpital urbain. Elle comprenait également une campagne de communication visant à informer les collectivités sur les avantages des soins prénataux et la fourniture d’un appui technique et matériel aux centres de santé participants.

Les résultats obtenus jusqu’ici sont prometteurs. À mi-chemin, la réduction des complications obstétricales a dépassé la cible de 5 % et a atteint jusqu’à 20 % dans les zones ciblées. L’adhésion et la réponse tant des travailleuses et des travailleurs de la santé que des patientes sont excellentes. La gratuité et l’accessibilité de ces services permettent aux femmes d’éviter de coûteux et laborieux voyages vers des hôpitaux spécialisés dans les zones urbaines.

« Les femmes rurales méritent de bénéficier du même accès aux soins prénataux que leurs homologues urbaines, et ce projet aidera à renforcer les capacités nécessaires dans les centres de soins pour que cet objectif soit atteint », a déclaré Sandra Abeje, gestionnaire de projet.

*Les noms ont été modifiés pour protéger les identités.

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