Accès égal à la justice pour les femmes au Honduras

Sombrilla International Development Society

Le Honduras a l’un des taux les plus élevés de violence basée sur le genre (VBG) en Amérique latine, les violences psychologiques, sexuelles et physiques étant particulièrement répandues dans les zones rurales. De nombreuses femmes se sont habituées à être témoins de la violence dans leur famille et ne connaissent pas les mécanismes de signalement ou ont trop peur que les hommes dans leur vie ne soient incarcérés pour parler. 

Les communautés de la région de Lepaera et Las Flores ne disposaient pas de groupes communautaires ou de mécanismes permettant aux femmes de se réunir. La vie de nombreuses femmes tourne autour de leurs responsabilités ménagères — elles ne quittent leur maison que pour acheter des provisions ou ne sortent pas du tout parce que leur mari ou partenaire ne le permet pas. En conséquence, les femmes sont isolées et manquent de réseaux extérieurs et d’amies avec qui partager leurs expériences.

Une femme locale a décrit l’isolement qu’elle ressentait dans sa communauté, une situation qui a été aggravée par les restrictions liées à la pandémie de COVID-19. Elle se sentait seule, déprimée, manquait de contacts avec d’autres femmes et n’avait pas accès à des ressources extérieures. De nombreuses femmes, en particulier celles âgées de 50 ans ou plus, ont des histoires similaires d’isolement, de mauvais traitements et d’expériences de violence qu’elles n’ont jamais pu aborder ou partager avec d’autres femmes ou des professionnel.le.s. Cette violence est normalisée dans de nombreuses communautés, et certaines femmes estiment qu’elles ne peuvent ou ne devraient rien faire pour se défendre. Les quelques institutions où les femmes peuvent signaler des cas fournissent souvent des services de mauvaise qualité et ne sont souvent pas en mesure de s’occuper des cas.   

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Soutenus par le FIT, la Sombrilla International Development Society (SIDS) et son partenaire local Organismo Cristiano de Desarrollo Integral de Honduras (OCDIH) ont mis à l’essai une solution novatrice visant à améliorer l’accès des femmes au système judiciaire, ainsi qu’à accroître la sensibilisation et les connaissances sur la violence fondée sur le genre dans la région. Cela s’est fait par la mise à disposition d’une clinique mobile qui a fourni des services de soutien juridique et psychologique aux femmes confrontées à la violence basée sur le genre (VBG), un renforcement des capacités pour consolider le leadership et les réseaux de femmes, une campagne de sensibilisation du public et la création de groupes d’entraide pour que les femmes puissent partager leurs histoires et se soutenir mutuellement. L’objectif principal de cette innovation était de parvenir à un plus grand renforcement du pouvoir des femmes et des filles à travers leur capacité de protéger et d’exercer leurs droits, en particulier le droit à une vie exempte de violence, tout en utilisant une approche culturellement appropriée et sensible au genre.

L’innovation a collaboré avec des réseaux de femmes établis et des leaders communautaires de confiance tout en participant à des activités de renforcement des capacités pour les organisations locales et les communautés elles-mêmes. De plus, l’approche sensible au genre signifiait que les besoins spécifiques des femmes étaient pris en compte à chaque étape. Par exemple, des services de garde d’enfants ont été fournis pour que les femmes puissent participer pleinement, et des organisations de femmes et d’autres parties prenantes ont participé à l’élaboration de projets pour gagner et renforcer la confiance de la communauté. Les femmes victimes de violences fondées sur le genre ont bénéficié de mécanismes sûrs et efficaces d’accès à une assistance juridique et psychologique dans la clinique mobile, dans un cadre de justice et d’équité.

L’innovation a entraîné des changements positifs sur les plans individuel, familial et communautaire.

Un pourcentage encourageant de 90 % des participantes ont signalé une augmentation de leur connaissance des droits des femmes et des mécanismes de signalement.

La disponibilité de la clinique mobile a accru la confiance des femmes pour reconnaître et discuter des abus au sein de leur famille, s’abstenir de les normaliser dans leurs communautés et lutter contre toutes les formes de violence. Cela allait de pair avec une meilleure estime de soi pour les femmes, la confiance dans le fait de pouvoir aller de l’avant dans leur vie même sans homme, une plus grande participation dans les espaces publics et des communautés plus fortes dans l’ensemble. En outre, on estime à 21 070 le nombre de personnes rejointes indirectement par le biais de la campagne de sensibilisation du public axée sur la violence basée sur le genre. Cette campagne comprenait des panneaux d’affichage sur la route, des messages publicitaires radiophoniques et télévisés, et des publications sur les médias sociaux. 

L’innovation a procuré d’immenses bénéfices aux femmes et aux communautés locales de la région de Lepaera et de Las Flores plus largement. À la fin des séances de groupe d’entraide, les femmes avaient de solides réseaux de soutien et se considéraient comme une famille. Le soutien d’un groupe a donné aux femmes la confiance et l’assurance qu’elles ne sont pas seules. Les femmes des groupes d’entraide ont tissé des liens forts et sont maintenant devenues des ressources pour les autres membres de leur communauté. La femme qui avait mentionné faire face à l’isolement et être aux prises avec la dépression est devenue une membre active des groupes d’entraide et a été recrutée pour devenir cheffe de groupe. Elle a ensuite travaillé à soutenir d’autres femmes confrontées à des difficultés et à des abus similaires, lui donnant non seulement l’occasion de contribuer à bâtir et à maintenir un solide réseau de femmes dans sa communauté, mais aussi le sentiment renouvelé d’avoir une raison d’être.

« Pendant la COVID, je n’ai jamais quitté ma maison et n’ai eu aucun lien avec qui que ce soit de la communauté. J’étais seule et déprimée, jusqu’à ce qu’on me demande de faire partie de ce projet. »


– Cheffe d’un groupe d’entraide

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