L’apprentissage en ligne libère le potentiel des enfants en situation de handicap et des filles

Embrace International

Wilbert Kihembo, un étudiant non verbal atteint de paralysie cérébrale en Ouganda rural, vivait avec un secret — ses aptitudes incroyables pour l’informatique et la technologie.

À 17 ans, le potentiel de Kihembo a été libéré grâce à une solution novatrice proposée par Embrace International et le Kyaninga Child Development Centre (KCDC) en Ouganda. Pour améliorer les résultats d’apprentissage pour les filles et les enfants en situation de handicap, ils ont créé des laboratoires d’apprentissage en ligne autonomes dans sept écoles de zones rurales en Ouganda. Grâce à l’utilisation d’un serveur numérique RACHEL (« Remote Area Community Hotspot for Education and Learning » ou points d’accès pour l’éducation et l’apprentissage dans les communautés éloignées) avec une bibliothèque numérique, les élèves pouvaient se brancher sans fil à un ensemble de tablettes dans une salle de classe sans connexion Internet. L’accès à cette technologie a permis à Kihembo d’apprendre de manière autonome et de surmonter ses limites liées à la parole et au mouvement. Aujourd’hui, il est employé par Embrace International en tant que développeur d’applications, créant du contenu spécifiquement adapté aux enfants en situation de handicap.

« Il est extraordinairement brillant. Il possède une expertise incroyable en informatique », a déclaré Paul Carrick, cofondateur et président d’Embrace. « Il est notre employé rémunéré et il aide à faire fonctionner ce projet. Nous sommes extrêmement reconnaissants. »

Dans les régions rurales de l’Ouganda, l’intersection entre le genre et le handicap crée un obstacle important pour les enfants à l’école. Des salles de classe surpeuplées, des ressources inadéquates et des enseignant-e-s peu formés entraînent de faibles résultats d’apprentissage, surtout pour les élèves marginalisés. Bien que les filles représentent 50 % des personnes inscrites à l’école, leur taux d’abandon est beaucoup plus élevé que celui des garçons. De plus, le taux d’inscription des enfants en situation de handicap (ESH) à l’école primaire n’est que de 9 % à l’échelle nationale, mais dans la région rurale éloignée de Rwenzori, dans l’ouest de l’Ouganda, le taux d’inscription est encore plus faible, soit moins de 4 %.

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Financés par le FIT, Embrace International et KCDC avaient pour objectif d’améliorer les résultats d’apprentissage, d’accroître l’accès équitable à l’éducation et de réduire les taux d’abandon scolaire des filles, des enfants en situation de handicap et des autres élèves. En plus d’avoir accès à des laboratoires d’apprentissage en ligne, les élèves ont également participé à des ateliers de sensibilisation à l’inclusion, à l’égalité des genres et au handicap pour aider à dissiper la stigmatisation. Les aides-enseignant-e-s ont été formés pour créer une culture de non-violence dans les laboratoires, tout en encourageant le travail d’équipe entre les enfants en situation de handicap et sans handicap.

L’innovation a été mise à l’essai à travers des tests de compétences cognitives et non cognitives dans 10 écoles — 7 écoles d’intervention et 3 écoles de contrôle. Les élèves ont passé des tests de mathématiques et de compétences linguistiques, et ont rempli des questionnaires CATCH (Chedoke McMaster Attitude towards Children with Handicaps) sur leurs attitudes à l’égard des handicaps. Des entrevues ont été menées avec chaque élève. Ces entrevues comportaient notamment des questions générales sur leur attitude à l’égard de l’école, du genre et de leur vie quotidienne. Des questions précises ont été posées concernant la motivation intrinsèque, la confiance en soi et le niveau d’aspiration.

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Au final, les résultats se sont avérés très prometteurs. Les élèves des écoles d’intervention ont vu une amélioration plus importante de leurs notes en mathématiques et en compétences linguistiques que ceux des écoles de contrôle. Les filles des écoles d’intervention ont amélioré leur note moyenne en mathématiques de 30 % par rapport à celles des écoles de contrôle, qui se sont améliorées de 17 %. De même, les garçons ont affiché un taux d’amélioration plus élevé dans les écoles d’intervention (25 %) que dans les écoles de contrôle (17 %) en ce qui concerne les résultats moyens en mathématiques.

Il y a eu une amélioration significative de la performance des élèves ayant une déficience auditive dans les écoles d’intervention, ce qui est attribué au contenu supplémentaire ajouté sur le serveur RACHEL pour répondre aux besoins de ces élèves. Les élèves des écoles d’intervention ont également fait preuve d’un plus grand engagement envers l’égalité des genres. Environ 80 % des élèves admissibles ont assisté à au moins deux heures de séances hebdomadaires d’apprentissage en ligne. Les résultats indiquent un taux d’échec plus faible chez les enfants en situation de handicap. Il a été noté qu’alors que 6 % des enfants en situation de handicap avaient obtenu une note de niveau supérieur en 2021, ce pourcentage a augmenté de façon significative pour atteindre 76 % en 2022. Les élèves avec une déficience auditive des écoles d’intervention ont également connu une amélioration significative alors que 6 % avaient eu une note de niveau supérieur en 2021, comparativement à 60 % en 2022. Dans l’ensemble, on a observé une réduction de 10 % des taux d’abandon dans les écoles d’intervention par rapport aux écoles de contrôle. Les taux d’inscription des enfants en situation de handicap ont augmenté de 4 % à 11 %.

« Il est essentiel de favoriser un esprit d’inclusion pour les enfants ayant des besoins spéciaux au sein du système scolaire ougandais », a déclaré Carrick. « Afin d’augmenter les taux d’inscription, les élèves doivent être bien accueillis par les enseignant.e.s et les autres élèves. »

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