Prévention du cancer du col de l’utérus en Inde par l’auto-échantillonnage

Toronto Metropolitan University

Meera, une mère vivant dans l’État du Maharashtra, en Inde, hésitait à se faire dépister, et à faire dépister ses filles, pour le cancer du col de l’utérus lorsque l’occasion s’est présentée. Bien qu’il y ait une forte prévalence du cancer du col de l’utérus dans leur région, Meera et de nombreuses autres femmes croyaient que seules les femmes aux « mœurs légères » pouvaient être diagnostiquées.

Les connaissances limitées de Meera sur le cancer du col de l’utérus et les infections transmises sexuellement (ITS) les mettaient, elle et sa famille, en danger. Dans son village, on note une prévalence très élevée du cancer du col de l’utérus, des comportements à risque élevé et une faible utilisation du dépistage du cancer du col de l’utérus. Cela peut être attribué à des facteurs tels que des connaissances et une sensibilisation limitées, la difficulté d’avoir accès aux services, les obstacles culturels comme la pudeur et la stigmatisation entourant les ITS comme le VPH (la principale cause du cancer du col de l’utérus). Des normes de genre et des stéréotypes bien enracinés associés aux ITS en Inde sont les principaux facteurs dissuasifs à l’adhésion au dépistage.

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Le taux d’incidence élevé dans le village de Meera est conforme aux statistiques nationales de l’Inde, où le cancer du col de l’utérus est la deuxième cause de décès évitables grâce à des dépistages réguliers. Dans de nombreux pays à revenu élevé, l’incidence et la mortalité du cancer du col de l’utérus ont considérablement diminué en raison de l’utilisation généralisée des tests de Pap comme outil de dépistage. Cependant, la couverture du dépistage du cancer du col de l’utérus dans les pays en développement comme l’Inde n’est que de 19 % (contre 63 % dans les pays développés).

Soutenu par le FIT, la Toronto Metropolitan University et Tata Memorial Hospital ont mis à l’essai une solution novatrice visant à promouvoir le dépistage du cancer du col de l’utérus par l’auto-échantillonnage du VPH (AE-HPV) en utilisant une approche centrée sur la famille qui impliquait tant les hommes que les femmes. L’AE-HPV est une alternative facile et conviviale aux méthodes coûteuses et traditionnelles de dépistage du cancer et s’est avéré efficace pour rejoindre des femmes sous-dépistées ou jamais dépistées. Cette approche a favorisé un dialogue ouvert entre les hommes et les femmes autour de l’équité entre les genres afin de s’assurer que les femmes aient le soutien de leurs partenaires masculins en matière de dépistage du cancer du col de l’utérus. Après les dépistages, les femmes ont eu accès à un soutien médical et à un suivi supplémentaire dans le but d’améliorer les résultats à long terme pour la santé des femmes dans la région.

Cela a été complété par une intervention fondée sur les arts et culturellement appropriée pour favoriser l’acquisition de connaissances sur la santé sexuelle. L’utilisation d’outils visuels comme des images détaillées, des infographies et des films pour transmettre l’information d’une manière stimulante et facile à comprendre (surtout pour les participant.e.s qui avaient de la difficulté à lire) a été un élément clé pour favoriser la diffusion des connaissances. L’innovation a également mobilisé des bénévoles en soins de santé communautaires, connus sous le nom d’ASHA, pour promouvoir le dépistage du cancer du col de l’utérus chez la population locale.

Collage 2 TMU.png (1.16 MB)Les résultats ont indiqué une augmentation significative des connaissances et des attitudes positives à l’égard du dépistage du cancer du col de l’utérus, ainsi qu’une réduction significative de la stigmatisation entourant les ITS chez les participant.e.s après leur participation aux séances de formation sur la santé sexuelle. L’utilisation d’une perspective de genre a été cruciale pour démystifier à la fois les ITS et le cancer du col de l’utérus et pour veiller à ce que les hommes soient également conscients des avantages du dépistage. La participation des hommes en tant que partenaires a aussi été essentielle pour promouvoir un dialogue ouvert entre les membres de la famille afin d’éviter de jeter le blâme sur les victimes. L’innovation a également permis de former avec succès 451 travailleur.euse.s locaux pour accroître la sensibilisation au cancer du col de l’utérus et promouvoir le test d’AE-HPV dans leurs communautés.

Depuis leur participation à l’innovation, Meera et son mari ont changé d’attitude envers les ITS et reconnaissent l’importance du dépistage du VPH dans la détection précoce du cancer du col de l’utérus. Ils savent maintenant que personne ne devrait avoir honte, et que le fait de le détecter rapidement se traduit par de meilleurs résultats de santé pour les femmes. Ces connaissances sont cruciales pour démystifier les ITS et promouvoir des dépistages qui sauvent des vies au sein des communautés de la région. Grâce aux connaissances qu’ils ont acquises, Meera et son mari encouragent maintenant leurs filles et leurs sœurs à passer les tests de dépistage.

« Comme certaines femmes ne comprennent peut-être pas ce qu’est ce test… nous devrions d’abord convaincre les membres de la famille, les impliquer, leur faire comprendre l’importance de ce test, partager nos expériences avec elles et leur faire savoir que c’est un test sécuritaire.

Nous devrions donner aux femmes un peu d’espace pour réfléchir (réfléchir par elles-mêmes à l’importance des tests). Nous pouvons les soutenir en leur offrant de la compagnie au camp. »

— Membre du personnel de Tata Memorial Hospital

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