Il faut un village : le pouvoir de guérison de la musique

Make Music Matter

John*, un père de neuf enfants vivant à Mulamba, en RDC, était confronté à un traumatisme passé, à des défis financiers et à la responsabilité de soutenir une grande famille. Sa relation avec sa femme a été mise à rude épreuve, car ils avaient du mal à joindre les deux bouts et à assurer la gestion de leur ménage. Il a commencé à éprouver des maux de tête chroniques, des problèmes de sommeil et une variété de problèmes de santé. 
 
Dans un effort pour sauver son mariage et sa santé mentale, John a participé à une séance de Healing in Harmony (« Guérison en harmonie ») de Make Music Matter avec sa femme. Le programme offrait une forme unique de thérapie de groupe aux survivant.e.s d’un traumatisme et aux personnes qui prennent soin d’eux. Travaillant en collaboration avec un thérapeute et un producteur de musique qualifiés, les participant-e-s ont commencé le processus de guérison en écrivant, enregistrant et produisant professionnellement des chansons sur leurs émotions et leurs expériences, tout en s’engageant simultanément dans la thérapie et en développant leur propre art musical.  

MMM-HQ-Jeppe_Schilder06.jpg (1.35 MB)
 
Historiquement, « Guérir en harmonie » était un programme conçu pour les femmes survivantes de traumatismes et de violences sexuelles. Soutenu par le FIT, Make Music Matter et l’Hôpital et Fondation Panzi ont mis à l’essai une solution novatrice qui intègre les hommes et les garçons traumatisés dans le programme afin d’avoir un impact plus profond sur la communauté. Les artistes participant.e.s comprenaient 146 femmes et 125 hommes. Cette version du programme mettait l’accent sur le développement de compétences d’adaptation non violentes à travers des discussions sur les modèles positifs de masculinité, la compréhension de l’égalité des genres et des outils d’apprentissage destinés à soutenir et renforcer leur famille et les membres de la communauté. L’environnement de Healing in Harmony en est un de joie et de guérison, qui se concentre sur la transformation de modèles de pensée négatifs en modèles positifs et plus adaptatifs. Les participant-e-s en ressortent comme des artistes et des militant.e.s confiant.e.s —, diffusant publiquement leur musique via la radio locale, les concerts communautaires, les médias sociaux et les principales plateformes de diffusion en continu, contribuant à réduire la stigmatisation entourant la violence sexuelle, le VIH/sida, la pauvreté, la maladie mentale, les déplacements et le statut de réfugié, et bien plus encore.  
 
Les données sur l’innovation indiquent clairement une amélioration de la santé mentale des participant-e-s. Au départ, 88 % des artistes ont testé positif à un dépistage de l’anxiété et de la dépression, tandis que 40 % étaient atteints du syndrome de stress post-traumatique. Lors de l’enquête finale, les indicateurs de traumatisme ont diminué significativement à 8 % pour l’anxiété, 11 % pour la dépression et 2 % pour le syndrome de stress post-traumatique. L’innovation a également créé 11 groupes MUSO (mutuels de solidarité) afin de fournir un soutien social aux artistes pour assurer la durabilité après la mise à l’essai. Un concert a eu lieu en décembre 2021 où, pour la première fois, un groupe d’hommes a chanté sur la masculinité positive, l’égalité et les droits humains. 

20150920_MMM_Jeppe_Schilder18.jpg (1.63 MB)
 
Grâce à sa participation au programme, John a fait l’expérience du pouvoir guérisseur de la musique. Ses relations familiales se sont améliorées et il a rapporté « retrouver un sens à la vie ». Sa femme se sent plus soutenue par son mari et est reconnaissante d’avoir le programme de musicothérapie à Mulamba. Leur couple est maintenant stable et ils ont appris à faire face aux défis de la vie de manière positive, en tant que partenaires. 
 
« Le fait que les hommes participent maintenant aux séances est très rassurant pour les femmes et a donné une plus grande crédibilité au programme dans la communauté », a déclaré le Dr Bienvenu, médecin au Centre hospitalier de Mulamba. « Les hommes qui ont participé aux premiers cycles donnent des commentaires positifs et encouragent les autres hommes à se joindre à eux. Cela aide l’hôpital de plusieurs façons, et c’est l’une des fiertés du centre. » 
 
*le nom a été modifié pour protéger l’identité du participant 

< Arrière